Les vents au S. E., bonne brise et beau temps.
Le temps devenu serein eut pour nous un inconvénient : nous ne pouvions supporter la chaleur du soleil ; plusieurs en éprouvèrent un état de langueur et de faiblesse qui leur faisait regarder la vie avec dédain. Nous eûmes le bonheur aujourd’hui d’attraper deux butords ; nous trouvâmes dans leur gésier plusieurs poissons volants et autres petits poissons que je conservai très précieusement pour en augmenter la distribution du dîner.
Nous vîmes passer le long du bord beaucoup de bois en dérive et nous aperçûmes beaucoup d’oiseaux ; d’après cela, je n’hésitai pas d’annoncer que nous devions être près des récifs qui bordent la côte de la Nouvelle-Hollande et d’assurer tout le monde que nous atterrerions incessamment, en suivant le même parallèle, que nous longerions le récif jusqu’à ce qu’on pût trouver un passage au moyen duquel nous entrerions dans une eau plus tranquille, et que nous pourrions y ramasser quelques subsistances. D’après ce que ma mémoire me rappelait de la reconnaissance qui a été faite de cette côte par le capitaine Cook, je la regardais comme courant S. E. et N. O., et j’étais assuré que le vent au sud de l’est me mettait à même de parer tous les dangers.
À midi, j’observai 13° 20′ de latitude sud. La route estimée depuis hier me donna cent neuf milles, à l’O. ¼ N. O. 3° 45′ O. La longitude arrivée, 39° 4′ ouest de Tofô. Après avoir écrit mon journal, je partageai en dix-huit portions les deux oiseaux et ce qui avait été trouvé dans leurs gésiers, et comme cette capture était de grande conséquence, la distribution se fit comme je l’ai expliqué précédemment, par le cri : à qui cette part ? Ainsi dans cette journée, j’eus le plaisir de voir chacun complètement rassasié, au moyen de l’addition du vingt-cinquième d’une livre de biscuit, tant à déjeuner qu’à dîner.